Dix ans après le SRAS, la double menace d’un coronavirus et de H7N9

C’était il y a dix ans. Entre fin mars et début avril 2003, le quartier d’Amoy Gardens, à Hongkong, devenait une « ville fantôme », victime d’une pandémie de pneumonie atypique qui allait se répandre dans le monde comme une traînée de poudre. Première « nouvelle » maladie infectieuse du XXIe siècle à être transmise de l’animal, le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a coûté la vie à près de 800 personnes, principalement en Asie.

Alors que les autorités sanitaires du monde entier ont à nouveau le regard braqué sur la Chine, où le virus de grippe aviaire H7N9, après avoir muté pour devenir transmissible de l’oiseau à l’homme, a déjà contaminé plus de vingt personnes, le parallèle avec l’histoire du SRAS, à dix ans d’écart, est tentant.

Face au H7N9, le ministère chinois de la santé a promis « d’entretenir des canaux de communication et d’information avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi qu’avec les pays et les régions concernés, et de renforcer les mesures de surveillance et de prévention ».

Car en 2003, Pékin avait été accusé d’avoir cherché à dissimuler l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère. L’OMS avait ouvertement reproché au gouvernement chinois de minimiser l’épidémie de pneumonie atypique. Une attitude de dissimulation qui avait, selon l’organisation, compliqué le travail des experts chargés de remonter les chaînes de transmission de la maladie et favorisé la propagation de la maladie.

Epidémie SRAS 2003

Un garde de sécurité en tenue de protection dans le quartier de Amoy Gardens ravagé par le SRAS, à Hongkong, le 1er avril 2003 (Source : AFP).

C’est le 12 mars 2003 que l’OMS avait lancé une alerte internationale sur « une forme grave et atypique de pneumonie au Vietnam, à Hongkong et dans la province de Canton ». Mais l’organisation sentait en fait poindre une nouvelle menace depuis novembre 2002, sur la base de rumeurs et d’indications éparses, sans que la Chine n’ait alerté la communauté internationale. Au terme d’une véritable enquête policière, l’OMS était parvenue a remonter aux origines de la pandémie, jusqu’au tout premier malade, le « cas zéro ».

L’OMS mobilise dès lors à travers le monde des équipes de cliniciens, d’épidémiologistes et un réseau de treize laboratoires. Elle lance des recommandations pour la surveillance des transits dans les aéroports et la protection des personnels hospitaliers et, pour la première fois de son histoire, émet un avis de restriction de voyage.

Après avoir pris pied sur tous les continents, la pandémie avait été jugulée rapidement, dès le mois de juillet 2003 selon l’OMS, soit huit mois après le premier cas observé dans le sud de la Chine. Si le nombre de morts a au final été relativement limité, la pandémie a marqué durablement les esprits et modifié les dispositifs de surveillance des virus émergents. Le SRAS « a changé la donne », estime ainsi Yuen Kwok-yung, épidémiologiste et codécouvreur du coronavirus, une famille de virus susceptibles de provoquer un large éventail de maladies chez l’homme, depuis le rhume banal jusqu’au SRAS.

Les coronavirus n’ont pas disparu. Mercredi 27 mars, l’OMS annonçait la mort d’un Emirati de 73 ans, onzième victime d’un « nouveau coronavirus » proche de celui du SRAS, identifié pour la première fois à la mi-2012. Dix-sept cas ont été recensés en Arabie saoudite, en Jordanie, au Royaume-Uni et en Allemagne depuis l’alerte de l’OMS, en septembre. Comme le SRAS, ce coronavirus provoque fièvre, toux et difficultés respiratoires. Contrairement au SRAS, il provoque aussi une insuffisance rénale rapide.

« L’OMS travaille actuellement avec des experts internationaux et des pays où des cas ont été enregistrés pour évaluer la situation et étudier des recommandations de vigilance », a indiqué l’organisation.

« Coronavirus : est-ce la prochaine pandémie ? », se demandait le journaliste Ian Sample, le 15 mars, dans une enquête du quotidien britannique The Guardian racontant la difficile identification de cette nouvelle menace pandémique. Il en va du coronavirus comme du virus H7N9 : une simple mutation pourrait transformer une épidémie latente en véritable bombe sanitaire. Et faire renouer le monde avec les heures sombres du SRAS.

Source : Le Monde

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.