On comprend mieux la cause de la plus grande éruption de boue du monde

A Java, depuis 2006, des torrents de boue jaillissent d’un volcan, obligeant la population à fuir. Les entrailles de ce mystérieux volcan ont enfin été révélées par une équipe de l’université d’Oslo.

« C’est le seul exemple d’une telle ampleur d’un volcan de boue continu sur la planète, même s’il y en a eu d’autres dans l’histoire ». Adriano Mazzini, chercheur à l’université d’Oslo, étudie depuis son apparition il y a 11 ans cet étrange objet géologique, baptisé Lusi, qui vomit sans discontinuer un flot de boue responsable à ce jour du déplacement de 60 000 habitants de l’île de Java. Et il vient de publier, avec des collègues, la première étude sismique qui révèle la « plomberie » souterraine à l’origine de l’émission de ces quelques 80 000 mètres cubes quotidiens de boue.

Pour conduire cette étude, raconte le chercheur, « il a fallu répartir 31 stations sismiques autour de Lusi durant 10 mois, un travail énorme car certains emplacements sont très difficiles d’accès, en pleine forêt, et qu’il nous fallait entre autres changer les batteries chaque semaine… ». Mais l’effort a payé : en croisant les données de leurs appareils, ils ont pu établir une véritable cartographie 3D du sous-sol.

Volcan de boue Java

Lusi : le volcan de boue de Sidoarjo à Java.

Résultat ? Sous Lusi, qui est situé au beau milieu d’une zone sédimentaire, se trouve un panache hydrothermal de 6 km de profondeur au moins. Et ce panache est connecté à un groupe de volcans tout proches par une sorte de « corridor » profond qui emprunte une ligne de failles. Selon toute vraisemblance, du magma et des fluides hydrothermaux empruntent ce corridor et viennent chauffer les sédiments voisins, alimentant les réactions chimiques qui provoquent la surpression, donc l’éruption de boue. « Cette nature mixte, à la fois sédimentaire et hydrothermale, fait l’unicité de Lusi », résume Adriano Mazzini.

Alors, quand l’éruption va-t-elle s’arrêter ? Bien qu’il soit impossible de faire des prédictions, ce résultat suggère que l’éruption pourrait encore durer longtemps, puisque son moteur, autrement dit la chaleur du magma, continue d’être alimenté par la zone volcanique. Il se pourrait même —« bien que ce ne soit pas démontré », précise le chercheur— que Lusi soit la première étape d’un processus qui finirait par le transformer en véritable volcan. L’ensemble du système volcanique voisin, appelé Arjuno-Welirang, semble en effet avoir progressé en direction du nord-est, précisément là où est éructée la boue.

Source : Science & Vie

Vous pouvez consulter, sur le site d’Archipel des Sciences, les expositions « La machine Terre » et « Le volcanisme« , ainsi que la page Risques majeurs.

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